La beauté de la langue française, c'est sa diversité...


Célia descendit de voiture, remonta l’allée goudronnée, récupéra la clé en laiton sous une jarre. 
Elle glissa la clé dans la serrure, mais avant de la tourner, elle se massa la nuque, le voyage avait été particulièrement éprouvant, sa tête pesait au moins un quintal. 


En entrant, un doux air de guitare lui effleura les oreilles, puis une bonne odeur de cuisine lui vint aux narines. Des effluves de safran, de curcuma, de cumin lui parvinrent ; son mari était encore aux fourneaux, il avait encore fait des merveilles, apparemment.  


Mais avant toute chose, se redonner apparence humaine. 

Malgré toute la rigueur inhérente à sa fonction et dont elle avait fait une philosophie de vie, en se regardant dans le miroir, elle avait l’impression d’être affreuse, bien que son uniforme soit, comme toujours, impeccable. 

Elle passa par la salle de bains, après avoir remplacé sa jupe longue en coton très stricte par un sarouel en satin, beaucoup plus décontracté, qu’elle avait trouvé dans un souk lors d’un de ses nombreux voyages en Afrique.

 
En observant son visage, elle se remémora ses jeunes années,  quand grâce à ses algorithmes algébriques, elle avait pu intégrer la marine française, en tant que jeune officier. 

Ses premiers pas au sein des arsenaux, sa première mission sur le patrouilleur Albatros, dans les terres australes (son caban lui servait toujours en plein hiver), puis  son premier contact avec l’Afrique, quand elle se fit dropper par une Gazelle sur les côtes de Djibouti, suite à un pari un peu fou, une histoire de gilet de sauvetage récupéré sur le récif par le pacha… 

Maintenant, sa carrière était à son zénith elle allait devenir l’une des rares femmes amirale de la Marine Française. 

Elle était partie de zéro, issue d’une famille modeste de pêcheurs, du port de la Madrague de Hyères… 


Elle s’ébroua, un énorme ramdam interrompant sa rêverie. Elle finit de se changer, déposa quelques gouttes de parfum au effluves de bois de santal dans son cou, il fallait qu’elle rejoigne son mari. 


Un arôme de café vint chatouiller ses sinus… Un café de marins, avec une pincée de sel, à la place du sucre. L’alchimie parfaite entre l’amertume du café, et les embruns. Seuls les marins savent… 


Elle se posa sur le sofa, elle savait que son mari allait la rejoindre.  
Elle lorgna avec envie la couverture en mérinos, en camaïeu bleu, de l’azur au marine, elle aurait voulu s’allonger, se poser… 
Mais elle voulait faire honneur au festin que son homme avait préparé. 

La table était dressée, une carafe dans laquelle décantait un délicieux élixir écarlate (au vu de la robe, un Bourgogne) attirait son regard. 
Après toutes ces émotions, un peu d’alcool lui ferait du bien 




Je pourrais continuer cette belle histoire, mais le but de ce texte n’est pas de raconter une belle histoire. Mais plutôt une sale histoire.


Depuis quelques temps, on peut voir fleurir des théories indiquant que la langue française s’appauvrit, qu’il faudrait supprimer les anglicismes, ou des mots d’origine étrangère, et notamment l’arabe… 

On voudrait nous faire croire que le français est une langue naturellement riche, qu’elle n’a pas puisé dans les langues voisines justement sa richesse. 


Une réflexion qui m’a été faite récemment sur l’utilisation de mots d’origine étrangère dans mon langage m’a fait me poser la question suivante. 


Que serait le français sans ces mots ? Et notamment, que serait le français sans l’arabe ? 

La langue française regorge de plus de 450 mots d’origine arabe, et dans ces 450 mots, il y a des mots essentiels à notre langue.  


Bien sûr, on utilise que peu souvent des mots tels que caïd, djinn, ou khamsin… 

Mais, quand il s’agit de franchir la douane, de passer un coup de balai, de faire des amalgames,  de décrocher la timbale, de calculer un tarif, de mesurer une tare, d’une éruption volcanique, de prendre une tasse de café avec du sucre, ou encore de dissoudre le tartre avec de la soude… 


Comment faire sans ces mots ? Ce ne sont que quelques exemples… 

Ces mots, nous les avons hérités d’une histoire riche, faite de brassage de populations. 

Certains se targuent que Charles Martel chassa les arabes en 732, à Poitiers, mais combien se souviennent des richesses linguistiques (notamment) que ceux-ci apportèrent dans le sud de l’Europe de cette fin du premier millénaire après JC ? 
Les mathématiques, dont l’algèbre, les chiffres (encore un mot arabe), dont le zéro, les noms d’épices, de tissus et autre textiles, la chimie, etc.  
Tout ce qui fait notre quotidien est alimenté par des mots d’origine arabe. 


Alors, qui va contribuer à appauvrir la langue française ? 



https://www.franceinter.fr/culture/plus-d-arabe-que-de-gaulois-dan-la-langue-francais

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