L' après-midi du 17 mars 2019
Il est des instants dans nos vies qui ont une importance particulière.
Une naissance, une rencontre, un mariage, un examen, une embauche.
Notre esprit a tendance à ne garder que les bons souvenirs.
Les mauvaises choses, on les occulte plus facilement, dans une espèce de mémoire traumatique, que l'on enfouit profondément, et dont on ne veut absolument pas se souvenir.
Cela me rappelle toujours (bonjour la référence!) le Bouclier Arverne, cette aventure d'Astérix où il recherche le bouclier de Vercingétorix, que ce dernier avait lors des batailles contre César.
Gergovie, lieu de la victoire éclatante de gaulois sur l'armée de Rome, lieu où Vercingétorix mit en déroute les armées romaines, tout le monde sait où cela se trouve... par contre, Alésia... C'est quoi Alésia? Encore au XXIè siècle, d'ailleurs, on n'est pas totalement sûr de l'endroit.
Tout ça pour dire que les mauvaises choses, on aimerait profondément les faire disparaître.
Le commun des mortels, à force, y arrive.
Les brumes du passé, les méandres de la mémoire font que tout cela s'atténue, et d'un véritable traumatisme, à force, on arrive à se séparer.
Les traumas profonds sont bien souvent le siège de gros désordres psychologiques à long terme, souvent enfouis tellement profondément qu'il faut parfois des années de thérapie pour réussir à les mettre en évidence et permettre à la victime de s'en sortir, si tant est que cela soit possible.
Par contre, pour les zèbres, la mémoire est telle que les traumas peuvent rester bien présents, et pas enfouis.
En ce qui me concerne, en tout cas, j'y suis confronté.
Ce qui fait que mon corps et mon esprit se souviennent aussi bien du goûter d'anniversaire organisé par mes parents quand j'étais en primaire que de la nuit où j'ai "échappé" à un accident sur le port d'Anvers en 2015.
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui est l'anniversaire d'un jour particulier.
Il y a deux ans, j'ai fermé la porte définitivement à mon bourreau.
J'ai décidé que j'avais trop souffert de ces violences quotidiennes, qu'elles soient physiques ou psychologiques, qui malgré un départ et une réconciliation n'avaient jamais réellement cessé.
Ce jour-là, devant deux de mes filles, j'ai encaissé les coups et les insultes de trop.
Alors j'ai dû m'enfuir, pour me protéger, parce que la violence n'engendre que la violence.
Si je n'étais pas parti, je ne serais plus là pour en parler.
Je ne suis pas violent, mais, parfois, poussé à bout, j'ai dû maîtriser cette personne qui comme moi m'avait juré secours, fidélité, et surtout respect.
Aujourd'hui, la violence est bannie de ma vie.
Je pratique de manière intuitive la Communication Non Violente, je gère mes émotions négatives en cherchant la cohérence cardiaque.
Je fais preuve de sérénité, de calme, de patience, de zénitude, presque... Et je m'en étonne encore souvent.
Je suis quelqu'un de patient, en général, mais avec la pression qui était permanente dans mon foyer, j'avais souvent les nerfs à vif.
Et je me rongeais de l'intérieur, rien ne sortait.
Toutes les vexations, les colères restaient à l'intérieur.
Dorénavant, en communiquant, je fais en sorte de ne plus avoir à subir de vexations ou de colères.
Dès lors, je suis serein, calme, et la violence ne m'atteint plus.
En ce 17 mars 2019, lorsque j'ai pris la décision de fermer cette porte, il y a eu bien sûr des conséquences sur mes enfants, j'y reviendrai, mais surtout, lorsque j'ai ouvert la porte de la gendarmerie, pour déposer ma plainte, j'ai évacué cette boule que j'avais en permanence dans l'estomac, cet étau dans lequel ma cage thoracique était constamment enfermée.
J'ai décidé de vivre selon mes aspirations.
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