De la liberté d'informer
Cet article s'inscrit dans le contexte de la campagne présidentielle de 2017, durant laquelle des journalistes d'investigation étaient pris à partie par des militants de candidats incriminés dans des scandales. Petite réflexion toute personnelle sur les évènements des dernières semaines.
Je ne suis pas journaliste, loin de là, mais par contre, fondamentalement attaché aux valeurs de la démocratie.
Et je ressens comme de nombreuses attaques envers cette même démocratie.
On a vu des candidats (élus ou non) à des magistratures suprêmes dénoncer, critiquer le travail d'investigation de personnes dont le métier est d'informer les citoyens.
On a vu ces candidats stigmatiser toute une profession.
On a vu ces candidats déclarer que ces gens sont un danger pour la démocratie.
On a vu ces candidats répéter à l'envi que ces gens sont des incapables.
Ces gens ont été sifflés, insultés, voire physiquement mis en danger.
Et pourtant ces gens sont justement au service de la démocratie.
Le journalisme d'investigation et d'information (et non le "journalisme" de propagande) est un maillon essentiel de la démocratie.
Il est là pour montrer ce qui doit être connu par les citoyens, quand vient le temps de désigner les responsables politiques qui nous gouvernent.
Tout comme on dit que son chien a la rage pour s'en débarrasser, ces candidats dénoncent les messagers qui montrent aux citoyens le cynisme de ces derniers comme étant l'ennemi à abattre, afin de faire diversion quant à leur probité lourdement ébranlée.
Ces candidats sont, eux, des dangers pour la démocratie, ils voudraient voir anéanti ce contre-pouvoir, qui fait de nos sociétés des sociétés libres, qui est la liberté de la presse, afin d'asseoir encore plus leur "pouvoir".
Il me vient à l'esprit la devise du Figaro (propriété de Serge Dassault, dont on connaît le pedigree...), qui aujourd'hui s'offusque du fameux "lynchage médiatique" dont est victime son champion :
"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur." (Beaumarchais dans le mariage de Figaro).
Le Figaro, comme d'autres avant lui, de tous bords, est un organe de propagande, cette devise ne lui est plus vraiment appropriée.
Tocqueville écrivait: " la souveraineté du peuple et la liberté de la presse sont […] deux choses entièrement corrélatives".
De nos jours, les plus grands organes de presse sont détenus par des puissants groupes, qui soutiennent tantôt tel ou tel bord politique, et en ce sens s'auto-censurent afin de ne pas déplaire à tel ou tel garant de la survie dudit organe.
Tocqueville ajoutait que "lorsqu’ils marchent au même pas, les organes de presse exercent une forme de censure qui peut être, quoique non concertée et involontaire, tout aussi redoutable à certains égards que celle, centralisée et planifiée, qu’exercent les États autoritaires".
La liberté de la presse est inscrite dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, ainsi que dans la Constitution de notre République.
Cette liberté est attaquée de toutes parts par de soi-disant démocrates.
Il est de notre devoir de citoyens de défendre cette liberté essentielle et fondamentale.
Bien sûr, il y a des dérives, il est aussi de notre devoir de distinguer le vrai du faux, la dénonciation de dérives réelles du lynchage partisan et infondé.
Une chose reste bien réelle : les faits, rien que les faits.
Je finirai par ce qu'écrivait Albert Londres (qui ne fait pas l'unanimité dans la profession, cependant) :
"Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie."
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